Paimpol sous le regard de Faudacq Louis-Marie Faudacq : un peintre douanier dans le Pays de Paimpol (1840-1916)
Exposition organisée et financée par la Ville de Paimpol suite à l’initiative, au travail de collectage des œuvres et la pertinence artistique pour la conception et le parcours de l’expo d’Océanide, de Brigitte et Jean Claude Porée, descendants de Faudacq et d’André Soubigou, éditeur.
Faudacq, douanier par métier, dessinateur par passion, au temps des impressionnistes.
Pour sa biographie : cliquer pdf ci-après
Prospectus et repérage de l’expo et du parcours : cliquer pdf suivant
En 1868, un jeune homme de 28 ans débarque sur les quais de Paimpol, nommé comme receveur des douanes à Lézardrieux après un bref séjour à Cancale. Celui qui n’avait pas la vocation des gabelous, contraint par la tradition familiale, va user de son talent de dessinateur et de peintre pour croquer la vie rurale et maritime du Trégor-Goëlo, à la façon d’un Corto Maltese, aventurier des bords de mer, excentrique et généreux.
De par sa famille, Faudacq, bien que né à Givet dans les Ardennes, est bien un gars du pays de Paimpol, où il laissera définitivement ses crayons et ses pinceaux en 1916 à Ploubazlanec. Son Grand-père, Louis-Henry Faudacq, fut sous la Révolution, maire de Bréhat, initiateur de la culture de la pomme de terre primeur Duke sur l’île Logodec, et conseiller départemental du canton de Paimpol.
En cette fin du 19ème siècle, la cité islandaise est à son apogée de la Grande pêche et du cabotage. La 1ère goélette “l’Occasion”, du capitaine Druel, partie à Islande en 1850, a montré la voie aux marins et armateurs du pays que fréquente Faudacq. Ses dessins accompagnent cette histoire à terre et en mer, les marins en bordée dans les rues de Paimpol avant l’appareillage et parfois les naufrages, la voiture à cheval du courrier postal entre Tréguier et Paimpol, la mixité sociale entre le pardon laïque et le pardon religieux, les jours de foire et de marché.
Le style de l’artiste n’est jamais figé, prenant tantôt la forme d’une BD, d’un dessin aquarellé ou au trait, pour illustrer les situations cocasses, les scènes de vie ordinaire, saisies sur le vif, les gestes et les postures des gabiers dans les enfléchures, à carguer la misaine, les manœuvres à transborder les charges de goémons, à Kerpalud ou sur la cale des Bréhatins, le travail des charpentiers de marine sur la grille de carénage de Kernoa, à l’apogée du chantier Laboureur, le départ de la flottille des Islandais dans la rade de Pors Don…
La société paimpolaise est décrite avec force détails savoureux lors des comices agricoles, du commerce place du Martray, où se retrouvent la bourgeoisie paimpolaise, les familles de marins et la population rurale de Plouézec et des communes environnantes. Faudacq décrit avec un grand souci ethnographique les vêtements, les attitudes, les inclinaisons de ses concitoyens, dont il se sent proche.
On retrouvera cette empathie dans son engagement auprès de l’œuvre de l’Adoption des Orphelins de la mer, dans ses gravures sur les naufrages et autres drames de mer pour la revue Le Yacht, dont il sera un chroniqueur fidèle entre 1884 et 1894. Sans oublier ses reportages sur l’actualité maritime : l’arrivée du baliseur à vapeur au phare des Triagoz, l’épopée des homardiers de Loguivy de la Mer à l’île de Sein, la drague des huîtres à Tréguier, les régates...
Toute une foule bariolée vient admirer les voiliers de grande pêche au quai de Kernoa qui leur est réservé, pouvant accueillir cinq navires de 35 m de long. En 1892, le port reçoit 54 navires, pour un tonnage global de 4330 tonneaux avec 1095 hommes d’équipage. Le quartier de Paimpol compte plus de 5000 inscrits maritimes. Les régates sont aussi un sujet de prédilection, avant l’apparition de la photographie. Le Yachting club de Paimpol créé en 1854, offre de nombreuses opportunités pour notre dessinateur de montrer les innovations des navires, en plaisance et en pêche, comme les dériveurs, les bateaux à vivier, les gabarres, les goélettes…
Chaque dessin aligne une note de couleur aquarellée qui renforce les effets de lumière dans la glaise bleue des grèves, sur un abattage en carène devant le platier de Kernoa et le chantier naval de Louis Laboureur.
Noircissant des dizaines de feuilles de croquis, usant de toutes les techniques, de la mine de plomb au fusain, l’encre, la plume et le lavis, Faudacq conjugue son métier de douanier et sa pratique artistique.
Ce fin observateur, épris de détails, propose différents cadrages pour la même scène, multipliant ainsi les points de vue en retenant toute notre attention.
C’est justement cette approche à la fois artistique et ethnographique que souhaite aborder cette exposition au travers l’œuvre de Faudacq, en privilégiant le cadre site paysager et portuaire de Paimpol, dans le cadre de la Halle, où 80 œuvres originales sont présentées.
Flâner d’une reproduction à l’autre, autour des quais et le long d’un parcours qui mène de Plounez à l’abbaye de Beauport (reproductions sur totems, kakemonos en drapeau et sur les façades de certains bâtiments, du quai Morand au quai de Kernoa), afin de signifier par le regard de Faudacq les éléments caractéristiques de la ville-port au temps de la grande pêche. Puis terminez votre promenade en découvrant 80 œuvres originales de Faudacq à la Halle.
Les thèmes abordées dans l’exposition et autour du port
Le port de Paimpol, son histoire au temps de la Grande Pêche
Les navires à quai et les manœuvres
Les chantiers navals
Les régates et les navires en mer
Les foires, les marchés, les pardons, l’habitat traditionnel
Les scènes champêtres
Les rencontres, les personnages, gestes, attitudes, postures
Le cheminement
Depuis la Halle, retournez vers le port, auprès de l’office de tourisme, découvrir les premières images qui racontent l’histoire du port de Paimpol, des anciens moulins de Kernoa à la 1ère digue du port et de l’étang. Les scènes de marché place du Martray, les maisons d’armateurs (Corouge-Kersaut-Lambert) en front de port et les maisons à pans de bois datées des 16ème-17ème et 18ème siècles.
Nous vous invitons faire la ronde du port en compagnie du douanier dessinateur , chroniqueur en son temps de la vie locale. Depuis l’office de tourisme, accéder au quai Morand, armateur de la 1ère goélette L’Occasion, qui appareille en 1852 pour pêcher la morue sur les côtes d’Islande. Ces voyages vont se renouveler pendant 80 ans, en relayant l’épopée des Terre-neuvas, commencé au 16ème siècle. En 1886, Pierre Loti publie son chef-d’œuvre « Pêcheur d’Islande ». A partir du Vieux quai Ouest (quai Duguay Trouin, du nom d’un corsaire malouin), qui prolonge le quai Morand, on se dirige vers le quai Armand Dayot et le platier de Kernoa (où se situaient et sont encore présents les chantiers navals). Puis on retourne sur nos pas en empruntant la rue du musée de la Mer pour se diriger vers Kérity et l’abbaye de Beauport .
Cette balade vous permettra de revisiter les chantiers navals de Laboureur à Bonne, en découvrant les illustrations de Faudacq sur les façades des artisanats maritimes actuels, quai de Kernoa, de revivre le temps des régates, des manoeuvres des navires à quai et en mer. Sur les chemins de Plounez, mais aussi de Kérity à l’abbaye de Beauport, les scènes champêtres, la vie sociale des gens de terre et des gens de mer, sont présentées sur différents supports à la libre découverte de votre regard.