Le Sillon de Talbert- Evolution géomorphologique

Le Sillon de Talber

Evolution géomorphologique
Guy Prigent

Extrait du rapport de Stéphan Pierre (Géomer (UMR 6554 CNRS-LETG)

Lors de la dernière période glaciaire (il y a 20 000 ans), le niveau de la mer se situait 120 m plus bas qu´aujourd´hui et l´estran situé en avant du Sillon de Talbert était soumis aux effets du gel faisant éclater la roche sur place et produisant d´importants volumes de cailloux. La déglaciation qui a succédé à cette période a vu une remontée rapide du niveau marin, entre 12000 et 6000 ans avant aujourd´hui. Les vagues ont progressivement remobilisé les cailloux présents sur la plateforme continentale, les émoussant en galets et les organisant en cordons. Par endroits, d´imposantes masses de granite résistant ont offert des points d´appui stables sur lesquels sont venus s´accrocher ces différents cordons. Peu à peu, au cours de sa remontée, la mer a fait reculer ces cordons de galets qui se sont réunis par coalescence pour former le Sillon de Talbert. Jusqu´au 20ème siècle, ce dernier reliait les îles d´Ollone au continent, mais une brèche ouverte à l´occasion d´une violente tempête a transformé ce grand cordon en une flèche à pointe libre.

Depuis plus de 15 000 ans, après la dernière glaciation, les galets de formation cristallines, granodiorite de Talber, micrograniodorite de Pleubian, granite monzonitique de Pommelin-Bréhat, microgranite de Launay, albitophyre de l’Île d’Er, quelques galets de grès et de dolérite du Trieux, rares silex, en provenance de la Manche, avec les algues comme flotteurs, nagent vers cette flèche littorale, s’étendent en croissant sur le front du Sillon et l’alimentent, lui permettent (lui permettaient jusqu’à une période récente) de conserver son volume, son amplitude…

Cependant, aujourd’hui, selon les géomorphologues, le Sillon n’est plus alimenté par les galets, qui provenaient du milieu de la Manche. Il montre à sa racine, sa taille de guêpe, les premières ruptures après les tempêtes de 2018, au niveau de son enracinement dunaire, juste après le « chouk », une grande brèche. Le Sillon s’effrite, recule, perd de l’altitude. Son crochet terminal s’incline toujours plus vers l’est et l’Île de Bréhat.

Le Sillon : une flèche littorale à pointe libre (’hegger’ en breton), qui était reliée hier aux ilots de l’archipel d’Ollone, à ses cordons de galets, à ces tombolos du bout de la presqu’île de l’Armor, dont il s’est libéré progressivement, par l’effet des courants, de la dérive littorale...