Port d’intêret patrimonial. Une dynamique patrimoniale.

Port d’intérêt patrimonial.
Une dynamique patrimoniale.
Guy Prigent

Contexte actuel

Le littoral maritime costarmoricain offre un espace riche et varié aux fonctions multiples et aux dynamiques de développement fortement différenciées, entre tourisme, plaisance, pêche, cabotage et activités industrielles.
Les sites portuaires ne sont pas très nombreux en Côtes d’Armor, et présentent des typologies différentes, selon leur situation (port de fond d’estuaire, ville-port), leur taille, leur histoire ancienne ou contemporaine et surtout l’intensité de leurs activités (fonction portuaire active, ralentie ou déchue). Les activités traditionnelles se maintiennent (petite pêche, ostréiculture, commerce), mais sont souvent concurrencées par la plaisance et ces nouvelles offres de service.
Les mutations des sociétés littorales et des espaces côtiers risquent d’effacer les traces de l’âge d’or de la grande pêche et du cabotage, encore présentes dans l’architecture littorale et portuaire, avec des aménagements souvent datés de la fin du 19ème siècle. Cependant, l’intégrité de ces patrimoines bâtis et de ces paysages portuaires peut être remis en cause sous la pression foncière et la demande de nouvelles pratiques.
Pourtant ces infrastructures portuaires (cales, quais, jetées en pierres de taille maçonnées, bassins) sont source d’identité et participent fortement à la qualité des paysages urbanisés et à l’attractivité des espaces maritimes.

Devenir et enjeux

Les mutations du secteur halieutique et des activités portuaires doivent être accompagnées afin de ne pas conduire à la destruction, à l’oblitération ou à la banalisation des éléments préexistants (bétonnage des cales, destruction d’un chantier naval). Nombreux sont les fronts de port qui ont été réaménagés par des commerces aux devantures excentriques, par des parkings et des équipements peu intégrés à leur environnement.
L’intégration des héritages maritimes dans les projets d’aménagement des sites littoraux doit se faire en continuité avec leur passé et en cohérence avec les fonctions actuelles et les contraintes techniques de ces sites en mutation.
La mémoire des activités traditionnelles est également à conserver. Les derniers témoins matériels et immatériels de l’identité des lieux participent de la production et de l’inventaire de ce patrimoine maritime commun. Cependant, ces héritages maritimes sont fragiles et vulnérables. Ils font parfois l’objet de mesures de protection (ZPPAUP) et de classement. La création d’un label du type « Port de caractère » pourrait participer à une meilleure valorisation et promotion de ces héritages.
La prise en compte, en amont dans les projets de réaménagement, de l’intérêt des héritages maritimes, permettrait de bâtir des projets attractifs en continuité avec les héritages du passé maritime du lieu, sans être en contradiction avec un projet de station, de centre balnéaire ou de site portuaire industriel.
Le patrimoine maritime

Le patrimoine maritime est davantage une dynamique qu’un ensemble d’objets figés. Il accompagne les mutations récentes des espaces côtiers et portuaires.
Les lieux témoins de l’histoire maritime sont à réanimer comme des « gisements d’un patrimoine maritime culturel », à réaménager, à structurer, à interpréter et à communiquer pour des publics différentiés.

Une volonté affichée de valoriser ce bâti littoral portuaire, de favoriser son accessibilité pour les plaisanciers et les touristes de passage, pour les randonneurs côtiers, pour l’accueil des bateaux traditionnels…
Le souhait de communiquer sur son histoire maritime et sur ses lieux témoins : un plan et un circuit d’interprétation (avec QR codes sur les éléments bâtis, s’appuyant sur l’inventaire)
Un projet de mise en réseau de ces ports de caractère, à l’échelle départementale, puis régionale (route de la « Grande Pêche », « des petits ports de Bretagne »)
L’intégration des projets dans une stratégie globale identitaire de développement local
Des aides financières d’incitation, des moyens de communication, des outils de sauvegarde
La création d’un label commun entre « ports de caractère, d’intérêt patrimonial », permettrait d’entraîner de nouvelles formes de tourisme culturel nautique, de mettre en réseau ces ports et de décliner des « itinéraires culturels maritimes » sur les littoraux bretons et Trans-Manche. Le lien entre tourisme et patrimoine maritime reste encore à conforter.

Aujourd’hui, en Trégor-Goëlo, plusieurs communes se sont déjà engagées sans cette démarche PIP, et ont obtenu le label :
Ploulec’h pour le site du Yaudet
Perros-Guirec pour le port de Ploumanac’h
D’autres communes pourraient travailler dans ce sens et créer un réseau comme Ploubazlanec Paimpol, Plouézec, Quemper-Guézennec et Plouha en Goëlo.

L’objectif de cette conférence est de sensibiliser les communes littorales en faisant l’inventaire de leurs ressources patrimoniales et en les aidant à construire leur projet de valorisation de leurs héritages maritimes.