La civilisation des coquillages du Paléolithique à l’Age du Fer sur les côtes bretonnes.

La civilisation des coquillages du Paléolithique à l’Age du Fer sur les côtes bretonnes.

Guy Prigent

"Usages pratiques et symboliques de l’estran par les populations littorales en Bretagne, au temps de la préhistoire"

Comment vivaient et surtout de quelles ressources disposaient les populations littorales qui habitaient nos côtes bretonnes entre le paléolithique et l’Age du Fer ?
Quelles sont les plus anciens indices de pêche à pied laissés par les derniers chasseurs-cueilleurs maritimes ?

C’est à partir de ce questionnement et des recherches réalisées par les archéologues du littoral (Langouët-Daire, Dupont, Bizien, Cleyet-Merle, Le Bihan, Cocaign), sur les sites costarmoricains (du Léguer à St-Jacut de la Mer), dans la baie du Mont-St-Michel et jusqu’à Granville dans la Manche, mais aussi à Ouessant et dans le Golfe du Morbihan, que nous pourrons évoquer une véritable civilisation des coquillages au Paléolithique et au Néolithique en particulier.

Diaporama et présentation de documents inédits.

Au Mésolithique puis au Néolithique, l’ère du “boom halieutique”, des premiers villages lacustres, des coquillages consommés, mais aussi outils, récipients

A partir des pratiques de cueillette des coquillages (patelles, moules, littorines, pourpre), des oursins, des algues (pour se chauffer, cuire les aliments à l’Age du Fer), des poissons, les hommes vont se nourrir, se chauffer, utiliser certains coquillages comme outils de décoration et de gravure (des poteries), mais aussi comme ornementation et parure du corps. Les moules pour racler les peaux, servir d’ustensiles, mais aussi d’autres plus rares comme monnaie d’échanges.

Les amas coquilliers très présents représentent la plupart du temps des décharges alimentaires mais nos anciens faisaient déjà le tri sélectif être les huîtres et autres gastéropodes. Les amas de murex ou cormaillots (Hillion, Erquy) rappellent l’extraction du pourpre pour la teinture.
La bernique ou patelle en bronze retrouvée à Ouessant témoigne d’un symbolique et de croyances, comme une façon de se représenter le monde. La conservation des oursins et de leurs aiguilles (représentant une forme de cosmogénie) utilisés comme décors dans les stèles funéraires, traduit des significations rituelles, totémiques. Dépôts de vertèbres de poissons, de squelettes de bar et de crâne d’agneau, patelles, de littorines sur les sites de la Pointe de la Torche, dans le cairn de Barnenez, sur l’îlot Karn, de la fin du Mésolithique à l’Age de Bronze.

Un art pariétal
Sur la côte atlantique : le saumon de Lortet ou le bâton de Montgaudier, contour découpé, gravé, daté du Magadalénien supérieur révèle une culture technique et artistique et un nouvel art pariétal halieutique.

Nous pourrons également évoquer les pêcheries sur notre territoire du Trégor-Goëlo, avec l’hypothèse suivante de sédentarisation des populations nomades de pêcheurs-cueilleurs grâce aux ressources fournies par les pêcheries et non en raison de leur entretien.

Nous pourrons échanger et nous poser les questions suivantes :
- Dans quelle mesure la pêche à pied a-t-elle été un facteur d’attachement au territoire pour les populations littorales ?
- Quels risques pour la ressource ?
- A l’avenir, peut-on s’appuyer sur la pêche à pied pour créer cet attachement au territoire de manière durable ?
Guy Prigent