Evolution et développement des pêches côtières en Côtes du Nord depuis le XVIIIe siècle

Evolution et développement des pêches côtières en Côtes du Nord depuis le XVIIIe siècle.
Guy Prigent

Evoquer les pêches côtières sur la côte nord Bretagne, c’est surtout remettre en cause la maritimité d”un territoire maritime, qui s’est prioritairement approprié les ressources de son riche estran, la mer découvrante, ressources biologiques de la pêche à pied, du goémon, ressources minérales du maêrl, du sable, des roches granitiques et de la marne), avant de s’adonner de façon commerciale et intensive aux pêches côtières embarquées.
Cette littoralité d‘usages a prévalu jusqu’au milieu du 20ème siècle et l’essor récent des pêches coquillères (1960) et des armements au large qui a changé la vocation de certains ports (St-Quay-Portrieux-Erquy) et ouvert de nouvelles perspectives d’exploitation de la mer côtière.

Cependant, les mers lointaines ont permis à une population nombreuse sur la côte de dépasser une pluriactivité littorale sédentaire (agriculteurs-pêcheurs à pied- laboureurs), acquise dés la le 18ème siècle, pour s’embarquer à la grande pêche, et selon les crises retourner à la terre, puis à la marine de commerce et à la petite pêche locale.

Les arts traînants (drague, chalut à perche, filets, lignes) ont longtemps été l’apanage des embarcations gréées en lougre, en misainier puis en sloop, sur toute la côte, avec une prédominance pour les cordes à congres et aux maquereaux (séchés ou salés localement). St-Jacut de la mer fut le premier port de débarquement du maquereau en 1930. Le chalut à la voile avant la motorisation s’est davantage développé dans l’Est du département alors que la drague des huîtres s’étend de la baie de Paimpol à la baie de St-Brieuc.

La pêche aux casiers s’est surtout développée autour du port de Loguivy de la Mer et dans les ports du Trégor (de Trébeurden à port-Blanc). Loguivy de la Mer est toujours depuis le milieu du 19ème siècle le premiers port homardier. Les Finistériens sont néanmoins arrivés dans les années 1930 dans l’Ouest du Trégor pour pêcher les araignées et les grands crustacés au filet, profitant de la clientèle touristique.

Et l’autre particularité du Trégor, la pêche à la sardine a duré une centaine d’années jusqu’en 1954 avec la disparition du poisson et de son prédateur le thon, entraînant la fermeture de la dernière usine sardinière Collet de Locquémeau (“La Reine de la Manche”).

Des ports ont changé leur vocation en setournant vers les pêches coquillères dans les années 1970 : Erquy, port de cabotage est devenu le 1er port de débarquement avec sa criée. C’est à Erquy que Raymond Pays a inventé la 1ère drague à praires dans les années 1960. St-Quay et St-Cast ont suivi épopée de la coquille St-Jacques…

Cependant, si les pêches côtières subsistent en Côtes d’Armor aujourd’hui, c’est grâce aux OP, à une bonne gestion de la ressource, à une politique cohérente des licences et des quotas, à la polyvalence des armements et en raison de la diversité des produits pêchés, entre la drague aux coquilles, l’araignée, le homard, les céphalopodes et les poissons nobles.

Guy Prigent