La Rivière de Tréguier en Fêtes

La rivière de Tréguier et ses affluents le Jaudy et le Guindy, sont depuis des temps immémoriaux le terrain de jeux d’activités ludiques, exutoires de la population locale à s’échapper du quotidien…
A la fin du XIXe siècle sont organisées les régates de Tréguier comme le relate le « Journal de Tréguier » dans son édition du 2 septembre 1888. Après les préparatifs du samedi soir : concert de fanfare, défilés aux flambeaux des Pompiers avec lanternes vénitiennes et le tir aux pigeons, hors d’œuvre de dimanche matin, le départ des régates est donné à 13 H 00. Pendant la course de nombreuses activités sont proposées et la soirée se termine par le bal habituel.
Mais revenons aux régates ; y participent tous les bateaux de la rivière et même de belles unités venant de Paimpol. Si les armateurs et notables de la ville sont en grand nombre y compris pour les bateaux à avirons, les pêcheurs, goémoniers et bateaux-pilotes sont de la partie ; dans cette dernière catégorie, Boulard sur Marguerite Marie l’emporte.
Les yachts qui concourent pour une grande course le lundi, aller-retour Port Blanc, ont tous comme propriétaires des armateurs : Feu-Follet à M. Goaster de Paimpol construit par Dosmann de Paimpol, est de dimensions moyennes, fortement toilé et de fort tirant d’eau, Good-Luck à M. Gicquel de Paimpol est un ancien yacht anglais très étroit, Illico à M. Laboureur sorti du chantier du même nom fait sa première course et le Goéland à M. de Saint Père. L’émulation est grande et les régates sont l’objet d’âpres joutes, seules quelques minutes après temps compensé de presque 6 heures, séparent les concurrents.

préparatifs pour les régates sur le jaudy, cliché Comte de la Tour

M. le Comte Alain de la Tour, a positionné sa chambre photographique pour immortaliser ces yachts qui superbement toilés, ont belle allure.

Le Journal de Tréguier va ainsi relater pendant plusieurs décennies ces régates avec certaines années des nouveautés. En 1889 deux torpilleurs de la Marine sont présents et ils reviendront par la suite. Leurs canots à avirons appelés « berthons » concourent. Le canot Berthon, du nom de son inventeur Anglais, est un petit canot pliable en toile imperméable, créé comme canot de sauvetage, et utilisé pour équiper les sous-marins, torpilleurs et contre-torpilleurs, sur lesquels l’espace était très réduit. Il connut de grands usages à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle.

Torpilleurs 267 et 268 avec canots Bertons

En 1890 le Commandant des Torpilleurs : Le Roy, est remercié pour la participation active des militaires à la fête vénitienne sur l’eau.

En 1890 se rajoutent des courses de vélocipèdes, sur le terre plein des quais.

En 1933 pour la Braderie, Guillaume Kerambrun, vétéran de l’aéronavale, venant de Brest-Lanninon se déplace avec 2 autres hydravions sur Tréguier. Par leurs évolutions, ils ravivent la mémoire des Trécorrois, rappelant ainsi la présence du Centre Aéronavale et de ses hydravions en charge de la surveillance des sous-marins allemands, quelques années auparavant pendant la guerre.

Hydravion FBA 17 piloté par Guillaume Kérambrun en 1933

Si les régates périclitent les années suivantes, les commerçants Trécorrois ne désespèrent pas de faire vivre le plan d’eau et en 1953 est organisée une fête motonautique. Les canots hors bord vrombissent sur l’eau, en course ou lors de démonstration de ski nautique.

1953 les hors bords à quai

Par la suite seules les régates annuelles pour dériveurs du Centre Nautique, animent encore le port de Tréguier, et de nombreuses activités se déroulent à terre : fêtes foraines annuelles de la Saint Yves, cirques, en 1955 tirage de la loterie Nationale, congrès départemental des pompiers, en 1994 course de karting …..

Organisée par une joyeuse équipe de la Roche Derrien, la fête des Radeaux a animé en 1994, 1997, 2001 et 2005 la Rivière, de la Roche Jaune à La Roche Derrien, avec étape à Pouldouran. En juillet 2005, 1600 « radoteurs » sur 200 radeaux de bric et de broc, ont déferlé sur les eaux au rythme de leurs pagaies et autres moyens de propulsion dans un délire festif, qu’il n’est malheureusement plus possible de reproduire, sécurité oblige...

les radeaux au pont St Jean

Seules perdurent encore les Régates Annuelles de la Roche Jaune, début août, moment convivial encore autorisé.

côtre aurique "Eonenn mor" et misainiers aux régates de la Roche Jaune